Naître, être et renaître

J’ai cinq ou six ans. C’est le temps de la guerre et de l’Occupation. Le ventre de ma mère s’arrondit de jour en jour. Elle m’explique que la cigogne va bientôt nous apporter un bébé et que pour nous attirer les bonnes grâces du volatile, je dois déposer un sucre sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Une légende alsacienne confère à la cigogne le rôle de pourvoyeur de bébés ; l’oiseau va chercher le bambin que les parents lui ont commandé, un subterfuge bien commode pour éviter d’aborder le sujet, toujours délicat, de la conception.

Lire l'extrait