En décembre 2020, Michelle me sollicita pour écrire sa biographie. Pour une raison qui lui appartenait, elle souhaitait circonscrire son récit à une période bien précise de son enfance. Elle m’adressa des textes, des anecdotes, des portraits qu’elle avait elle-même rédigés et qu’elle souhaitait voir figurer en l’état dans sa biographie. Lorsque son livre « Quand le passé se fait présent 1954 à 1961 » vit le jour, Michelle me confia le bonheur qui était le sien d’avoir pu mener à bien ce projet qui lui tenait à cœur depuis si longtemps. Nous sommes restés en contact. Au fil de nos échanges, j’ai vu monter chez mon interlocutrice, le besoin de reprendre la plume et de raconter d’autres périodes de sa vie. Et un beau jour, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un manuscrit, un mince recueil de textes écrits de la main de Michelle. Elle me demandait de corriger et de remanier ses écrits. J’avais entre les mains la suite de l’histoire de Michelle. Au fil des pages, elle évoquait son adolescence, ses premiers amours et sa découverte du monde du travail. Le recueil était mince, mais je fus immédiatement surpris par la qualité de l’écriture, par la construction du récit et par le style de Michelle. Elle concluait la lettre jointe à son envoi par cette question : qu’en pensez-vous ? Au cours de l’appel téléphonique qui suivit, j’ai indiqué à Michelle que toute intervention de ma part serait superflue et qu’à mon sens, son texte pouvait être imprimé et publié en l’état ! À l’autre extrémité de la ligne, ma correspondante me sembla tout à la fois flattée et gênée. Elle m’avoua que le travail que nous avions mené en commun lui avait beaucoup appris et qu’elle fourmillait d’idées. J’ai immédiatement rebondi en lui suggérant de se dévoiler plus qu’elle ne l’avait fait jusqu’alors, de parler de sa propre famille, de ses enfants et — pourquoi pas —, de cette terrible maladie qui peu à peu l’emprisonne dans son propre corps.
Pour que son nouveau projet se concrétise, j’ai mis Michelle en relation avec Myriam Druart (du mot à la page) afin que cette dernière réalise la mise en page de l’autobiographie de Michelle.
Voilà peu, Michelle m’a adressé un exemplaire de « La fin peut attendre ». Au travers des pages de son livre, Michelle confie à sa famille et à ses proches la suite de son récit initial, son amour de la vie, l’affection qu’elle porte aux siens. Un chapitre du livre porte un titre sibyllin : Elle. Elle, n’est autre que la maladie qui a pris place dans le corps de Michelle. L’auteure interpelle son handicap pour mieux lui faire face. Michelle veut que chacun sache qu’elle se bat et qu’elle se battra même si l’issue de ce combat est déjà connue de tous. Michelle nous dit que vieillir n’est rien, que chaque anniversaire qu’il lui est donné de fêter est une victoire. En conclusion, Michelle écrit : « La peur n’est jamais loin, mais l’espoir aussi. Elle rôde, mais je la surveille de près. »
Je suis fier de ce livre que je n’ai pas écrit. Je suis fier de Michelle.