« Ma grand-mère est née à New-York en 1876 », me déclara Mme G. Joignant le geste à la parole, elle me tendit la carte d’identité de son aïeule. Intrigué par cette annonce, ma curiosité piquée au vif, j’ai voulu en savoir plus. Peut-être, tenais-je là les premières lignes de la biographie de ma cliente ? À partir du nom, de la date et du lieu de naissance indiqués sur le fac-similé, je me suis plongé dans la généalogie de l’aïeule de Mme G. Les bases de données, en libre accès, sur internet, me livrèrent les identités des arrière-grands-parents de Mme G. et me laissèrent entrevoir leurs parcours. Natifs d’Alsace, ils avaient choisi, après la défaite de la France en 1870, d’émigrer vers le Nouveau Monde. Comme on suit un jeu de piste, document après document, je suis allé d’indices en découvertes. Les registres du recensement américain me révélèrent les adresses successives du couple. A l’aide des manifestes maritimes soigneusement archivés par les services de l’immigration, j’ai retracé, avec une précision souvent déconcertante, les déplacements des membres de la famille entre New-York et l’Alsace. Après avoir recoupé les informations glanées sur le net avec les souvenirs confiés par sa grand-mère à ma cliente, comme un puzzle patiemment assemblé, j’ai vu se dessiner le cheminement et l’ascension sociale d’une famille avec ses joies, ses peines et ses drames. C’est tout naturellement que l’histoire de ses aïeux trouva sa place dans Regards sur le passé, la biographie de leur arrière-petite-fille.
Plus près de nous, l’exploitation des archives et des registres d’état civil fournit, parfois, des réponses à des événements lointains passés sous silence, des drames que nos aïeux ont voulu effacer de leurs mémoires, des secrets de famille mis sous le boisseau, des non-dits qui, en se perpétuant, font figure de mystères insondables. Une fois percés à jour, secrets et non-dits peuvent parfois paraître bien futiles au regard de l’évolution de la société, ou tout au contraire, leur révélation apporte un nouvel éclairage sur l’histoire d’une famille et les rapports entre ses membres.
Les guerres du siècle passé, avec leurs cortèges de morts, de disparus et de prisonniers, constituent de vastes terrains de recherche. Retracer le parcours de soldats emportés par les tumultes de l’histoire requiert, compte-tenu de la complexité des archives militaires, de pouvoir obtenir le concours de spécialistes. Lorsque le besoin s’en fait sentir, je fais appel aux compétences de mes confrères Compagnons Biographes férus d’histoire militaire ou à celles de Pierre Bourgeat (pierre.bourgeat@wanadoo.fr), membre de l’association Le Souvenir Français, dont l’un des objectifs est de conserver et perpétuer le souvenir de ceux qui sont Morts pour la France.