couverture de la biographie le petit blanc des hautes

Retour à la Réunion, l’histoire du Petit Blanc des Hauts

L’encyclopédie Wikipédia nous apprend qu’à l’inverse des anciens grands propriétaires terriens de l’île de la Réunion surnommés les Gros Blancs, les Petits Blancs étaient des laissés pour compte ne possédant pas de terre à exploiter. Au début du 19e siècle, quelques décennies après l’abolition de l’esclavage, on voit apparaître à la Réunion une population blanche marginalisée, semi-nomade, errant entre les plantations côtières et le monde des anciens esclaves noirs, les Marrons. Les Petits Blancs trouvent progressivement refuge dans les hauteurs de l’île où ils sont condamnés à survivre en exploitant des terres ingrates dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Didier I. est un descendant de cette frange pauvre de la population réunionnaise. 

Au moment où nous engageons notre collaboration, Didier a une vision très précise de la structuration de son récit de vie. Dix années plus tôt, il a entrepris l’écriture de son autobiographie avec la volonté de transmettre son histoire et de la partager avec sa fille alors adolescente, un espoir malheureusement déçu. Quand son enfant lui fait part de son désintérêt pour son témoignage, il abandonne sur le champ son projet d’écriture. Le temps passe et de manière inattendue la jeune femme, devenue elle-même mère de famille, laisse entendre à son père qu’elle est maintenant désireuse de connaître son passé. Pris de cours face à ce brusque revirement, Didier fait appel à moi pour reprendre et mener à bien l’écriture de son récit de vie.

À mon grand étonnement, il souhaite commencer sa biographie par son arrivée en métropole au début des années 70. Il est alors âgé de 14 ans et l’univers qu’il découvre en atterrissant à Orly lui est complètement inconnu. Il va de surprise en surprise. Il avance, fasciné par le métro, les néons qui scintillent, les banlieues et les grands ensembles hérissés de tours. Une nouvelle vie commence auprès de grands frères et de grandes sœurs qu’il connaît à peine. L’émerveillement et l’effarement des débuts sont vite remplacés par les premières désillusions, le racisme et l’ostracisme à l’égard de cet adolescent à la peau blanche s’exprimant avec un accent trahissant ses origines ultramarines. Les années passent, il construit sa vie dans un contexte où la violence, bien que sous-jacente, est toujours omniprésente. Après la naissance de sa fille, il décide qu’il est maintenant temps pour lui de retrouver cette île qu’il s’était pourtant juré d’oublier. De Salazie à Saint-André, il nous fait partager la beauté des paysages et la luxuriance de la végétation de son île natale, comme un contrepoint à ses jeunes années d’enfant pauvre confronté à la violence, cette fois-ci bien réelle, de sa famille et de son environnement. Son récit est dur, sans fioriture et sans concession. Au travers de sa biographie, Didier fait revivre son passé pour mieux l’exorciser, se réconcilier avec son île et renouer les liens avec sa famille.

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Le Petit Blanc des hauts, le livre de Didier, est le fruit d’une collaboration avec Gaëlle Dargier (à l’aube de ma plume) et Myriam Druart (Du mot à la page).